Un Four à Bois? Du “Pain Cuit au Feu de Bois” ? – Notre Four “Le Panyol ©” – Construction de notre Four – Notre Four “Le Panyol 250 ©”
L’implantation du four dans notre vieille ferme vaudoise
Nous habitons une ferme vaudoise typique construite en 1856, et qui a la chance de ne pas beaucoup avoir été modifiée depuis. A cette époque, on ne construisait plus de four à pain dans chaque ferme, tout le village cuisait probablement en commun au four banal. Mais il y a, dans certaines fermes plus anciennes du Pied-du-Jura, des fours privatifs de dimensions comparables à celles de celui que nous avons construit.
Notre ferme vaudoise comprend classiquement une partie habitation sur deux étages (rez et 1er) et une partie agricole comprenant au rez l’étable et la remise, et à l’étage le pont de grange et la fourragère, qui se prolongeait par dessus le pont de grange et l’habitation, jusqu’au faîte de la toiture. Une porcherie, de réalisation plus tardive (probablement vers 1884 selon un écusson dans la maçonnerie) vient s’appuyer sur le bâtiment au nord, sur le côté de l’étable.
La porcherie est la partie agricole du bâtiment qui a subi les modifications les plus profondes et les plus récentes selon les traces trouvées au cadastre et au registre foncier. Elle comprend, au rez les boitons à cochons proprement dits – trois dans la dernière version qui remonte certainement aux années 1960 – et la “cuisine au cochons” qui était l’endroit où l’on préparait la nourriture des cochons : on faisait bouillir dans une marmite un mélange de céréales, de légumes, de fanes et probablement de déchets alimentaires que les cochons recyclaient à leur manière. On trouve à cet endroit le fumoir qui permettait de directement fumer sur place les cochonnailles. A L’étage, on trouve le bûcher et la chambre du tâcheron, c’est à dire l’ouvrier agricole payé à la tâche qui prêtait main forte à la ferme. Cette chambre dépourvue de tout confort, seulement chauffée par le conduit de cheminée de la cuisine aux cochons, porte encore, écrits au crayon sur les poutres et les cloisons de bois, les noms des différents jeunes hommes qui s’y sont succédé à la charnière des années 1800 et 1900.
Afin de pouvoir l’utiliser dans de bonnes conditions toute l’année, nous avons construit notre four à l’intérieur, dans l’ancienne « cuisine aux cochons ». Les restes de l’ancien conduit de cheminée ont cédé sans opposer de résistance et ont révélé leur ruine prochaine. nous avons démonté le vieux bassin intérieur en béton moulé – identique à celui que toutes les fermes vaudoises possèdent – qu’il n’était pas question de remettre en eau. nous avons démonté également le vieux plafond de plâtre imbibé d’humidité et mis à jour les poutres de sapin noircies par les émanations du fumoir, et nous les avons brossées pour leur rendre un “coup de jeune”. L’aventure de la construction pouvait commencer.
D’abord une cheminée !
Nous avons réutilisé le chevêtre qui laissait passer la cheminée du poêle de la “cuisine aux cochons” et l’avons réaménagé – chevêtre bétonné avec base de tubage permettant la connexion d’un “tuyau de poêle” de 18 cm de diamètre – avant de construire le four: ensuite, cela aurait été bien moins accessible !
Ensuite, à la fin du chantier, nous avons monté un tubage moderne tout neuf et bien protégé dans son coffrage ignifuge pour traverser la “chambre du tâcheron”.
Encore un chevêtre bétonné au niveau du toit, surmonté d’une belle cheminée extérieure et de sa cape, le tout en cuivre. Le matériel utilisé (tubage, isolant, coffrage ignifuge) a été fourni par la société Chemitube SA ( http://www.chemitube.ch/ ) à St-Maurice (VS), avec les conseils précieux de leur commercial, Monsieur Morel, qui nous ont bien dépannés en de nombreuses circonstances !
Un solide bâti et une dalle en béton pour poser le four…
Ensuite nous avons construit un bâti sur lequel repose le four, avec déjà un parement en moellons, comme les murs extérieurs du bâtiment. Une niche pour le bac à cendres – une de ces vielles bassines à lessive en métal en tient lieu – a été aménagée sous la porte du four. Pour gagner de la place dans la pièce, nous avons creusé le mur extérieur de la pièce pour y encastrer le cul du four ! Un linteau soutient la partie haute du mur, et tout cela est dissimulé dans la chamotte derrière le four.
Sur le bâti, nous avons construit une dalle en béton isolant (Liapormix© avec des billes d’argile expansée) pour éviter les pertes de chaleur vers le dessous du four. Sur la dalle, une première couche épaisse de chamotte vient supporter la sole du four, constituée de carreaux épais en terre réfractaire.
Le montage de la voûte
La voûte du four, composée de pièces en pierre réfractaire comme des quartiers d’orange, a été montée sur la sole, avec également l’avaloir à fumées et la pièce d’entrée. Le tout a été ajusté au mieux pour donner à la voûte sa belle forme. Un cric supporte le tout jusqu’à ce que le côté extérieur de la voûte soit soigneusement maçonné au mortier réfractaire résistant aux hautes températures. Ensuite le cric est retiré et la voute tient seule.
La construction du mur d’enceinte
Une fois l’assemblage terminé, le mur d’enceinte a été monté – réalisé en matériaux isolants pour favoriser la restitution de la chaleur accumulée vers l’intérieur du four plutôt que vers l’air ambiant de la pièce – et un parement en moellons de décoration posé à l’extérieur de ce mur, sur la face avant du four. Une finition en briques réfractaires autour de la porte donne une petite touche supplémentaire et garantit le bon vieillissement de cette zone susceptible de gros écarts de chaleur.
L’espace entre la voûte et le mur de parement est entièrement rempli de chamotte réfractaire, de la même matière que la voûte du four. Cela permet l’accumulation de la chaleur lors de la chauffe et sa restitution optimale au four.
Un tube d’évacuation des fumées – de type “tuyau de poêle” de 18 cm – et un clapet de réglage du tirage complètent le raccordement entre l’avaloir à fumées du four et le tubage.
Un petit dessin des éléments principaux:
En résumé…
Il ne nous a fallu que quelques semaines de chantier (mais nous ne pouvions y travailler que les week-ends et le soir, en plus des autres travaux entrepris dans la maison) pour venir à bout de cette tâche et avoir un four fonctionnel, et encore quelques heures supplémentaires pour les finitions esthétiques et notamment le parement en moellons et la niche pour le matériel du fournier – mais nous cuisions alors déjà du pain !
La seule intervention qui n’a pas été réalisée par nos soins est la réalisation de la garniture de ferblanterie de la cheminée au raccord avec la toiture, pour laquelle nous ne disposions vraiment pas des connaissances “en interne”. Merci à Fabien pour son savoir faire !
Tout au long du chantier, le bienveillant coaching de notre voisin Daniel, maçon professionnel, nous a permis de venir à bout de la maçonnerie dans de bonnes conditions et avec un résultat probant.